L'Association a vu le jour en 1970 pour sauver et valoriser le patrimoine ferroviaire du « Réseau des Bains de Mer »

 

13 mars 1970 : la création de l'association

La ligne du Crotoy ferme le 31 décembre 1969. Charles Edouard Girode et quelques amateurs de trains passionnés de la Baie de Somme décident de créer une association de sauvegarde et valorisation du patrimoine ferroviaire, en créant un chemin de fer touristique. Le projet est monstrueux, ils n’ont pas un sou… mais ils ne doutent de rien et sont déterminés. Le petit groupe de départ adopte la dénomination « Association Ferroviaire Picarde », mais Charles Girode, le père de Charles Edouard  propose « Chemin de Fer de la Baie de Somme » plus parlant : adjugé !

1971 : la recherche de matériel, les premiers trains

Une convention est signée avec le Département de la Somme à qui appartient le réseau ferré. A présent, le projet d’exploitation touristique doit débuter avec des idées, des pelles, des pioches, une brouette et une voie pourrie mais sans locomotives ni voitures… Les premiers travaux seront le débroussaillage, l’élagage et le début de la remise en état de la voie du Crotoy (il faudra 23 ans), pendant que s’organise la récupération de matériel roulant avec l’aide de la FACS (Fédération des Amis des Chemins de fer Secondaires). En novembre 1970, la première locomotive arrive, suivie par 6 autres au premier semestre 1971. C’est l’amorce de la collection originale du CFBS (Haine Saint-Pierre, Corpet et Louvet, Buffaud et Robatel…). Monsieur ASSELIN vieil érudit amiénois qui s’intitule volontiers « étudiant en archéologie ferroviaire », finance l’acquisition de la Buffaud et Robatel, qui sera la première grosse  locomotive propriété de l’association. Dès le mois de mai 1971 commence l’apprentissage de la vapeur, grâce à l’intervention de Virgile GARCON, ancien mécanicien vapeur de la compagnie du Nord qui dispose d’une parfaite connaissance des grosses locomotives  mais saura s’adapter aux petites locomotives à voie métrique. Le 1er train commercial circule le 4 juillet 1971 avec une voiture à bogies du réseau de la Somme, une voiture à essieux des voies ferrées d’intérêt local de l’Oise et un fourgon Somme.

 

Fin 1972, début d’une période mouvementée

Le Syndicat d’assainissement des Bas-Champs décide d’élargir le Canal d’Artois au Crotoy pour améliorer le phénomène de chasse dans le port. Cela suppose la reconstruction du pont de chemin de fer aux frais du CFBS qui doit s’endetter. Le 31 décembre 1972, la ligne de Cayeux ferme. L’association se voit contrainte d’exploiter l’ensemble du réseau passant ainsi de 7,6 km à 27 km ! Un projet qui la dépasse d’autant qu’il va falloir financer l’achat d’un lot important de matériel roulant, dont les magnifiques voitures « Bains de Mer » qui constituent le patrimoine du réseau.  Pour lever des fonds,  une société est créée. Rapidement, des soucis de gouvernance apparaissent qui débouchent sur un arrêt de l’exploitation en 1975 suivi d’un partage du  réseau  entre deux entités distinctes en 1976. Le CFBS exploite Le Crotoy-St Valery et Les Amis de la Vapeur, une association dissidente, exploite St Valery-Cayeux. Après 2 ans d’exploitation, le CFBS ayant fait ses preuves récupère le réseau complet.

La sécheresse de 1976 provoque de nombreux déraillements. Les départs de feu interdisent la circulation des trains à vapeur sur Noyelles-Le Crotoy et endommagent les voitures en bois, les tempêtes font le reste au cours de l’hiver.

Les voitures  se dégradent plus vite que le CFBS ne peut les restaurer. Dès 1978 l’association entame une politique d’achat de voitures suisses en bon état qui vont lui permettre de transporter des touristes dans de bonnes conditions, en se donnant le temps de restaurer soigneusement les voitures d’origine du réseau. Ce processus est toujours d’actualité.

 

En 1978, l’espoir renaît

En mai et juin, la SNCF lance des voyages scolaires éducatifs et amène en Baie de Somme 5000 enfants qui prendront le « petit train » et visiteront le « Parc du Marquenterre ». Cela donne un ballon d’oxygène financier à l’association. C’est le début d’une longue coopération entre le CFBS et le Parc Ornithologique du Marquenterre qui deviendront les piliers de la fréquentation touristique sur le littoral.

Les années 80 lancent les premiers projets construits

En 1981 Léon vient chercher sa pension de cheminot au guichet de la gare de Noyelles et questionne le chef de gare sur l’activité qui pourrait occuper sa vie de retraité. Ayant affaire à un ancien conducteur de manœuvre à la SNCF, le chef de gare l’oriente naturellement vers le CFBS qui cherche quelqu’un pour conduire les trains spéciaux toute la semaine. Il va rapidement devenir une figure emblématique de l’association ! A la même période, la première commerciale est embauchée à mi-temps, juste dotée d’un téléphone et d’un fax, les outils du télétravail de l’époque !

L’activité commerciale se développe. L’association se structure, l’exploitation se fiabilise. On s’attaque à la réfection de la voie du Crotoy, car les déraillements agrémentent encore les  voyages... Il y a une véritable émulation associative… Les premiers projets se concrétisent : agrandissement du dépôt de Saint-Valery-Canal, construction d’un hangar à voitures, remise en état du locotracteur 351, reconstruction des toitures des voitures historiques, grâce au soutien financier des collectivités. 2 salariés techniques sont embauchés en 1985. La fréquentation augmente. Le programme de reconstruction des voitures Somme a débuté mais c’est un chantier de longue haleine toujours en cours 40 ans après. Pour faire face à l’augmentation des voyageurs, l’association achète 3 voitures suisses en 1981 et 2 en 1984.

Le développement touristique de La Baie de Somme

Dans les années 90, le tourisme monte en puissance en Baie de Somme. Le CFBS complète ses recrutements par une responsable commerciale à plein temps en 1991. La région finance une campagne de promotion « votre prochain week-end en baie de Somme » dans le métro parisien avec la 130 Corpet-Louvet du CFBS en gros plan. Les résultats ne se font pas attendre : 40 000 voyageurs en 1991, 60 000  en 1995. L’activité monte en flèche permettant de mener à bien de gros projets comme la refonte de la gare de Noyelles-sur-Mer en 1994 et 1996, la remise en état des locomotives avec des chaudières neuves. C’est l’époque du jumelage de l’association avec son homologue anglais du Kent and East Sussex Railway.  L’association se professionnalise en poursuivant les recrutements. En 2003, le cap des 100 000 voyageurs est atteint. L’offre s’élargit avec notamment la création des « Dîners à Bord ».  Pour accompagner cette croissance rapide, le CFBS agrandit son parc de matériel en 2004 avec 6 nouvelles voitures suisses. Les travaux de régénération de la voie sont entrepris, les gares s’aménagent… La prise en compte des attentes des voyageurs et la création de prestations et services complémentaires permettent désormais d’atteindre les 210 000 voyageurs annuels.

 

Les Fêtes de la Vapeur

Le CFBS fête le centenaire du réseau des bains de mer en 1988, présentant pour l’occasion la magnifique voiture salon retrouvée dans une forêt de l’Eure en 1972. C’est le prélude à la première « Fête de la Vapeur » en 1992. Un événement grand public qui sera reconduit tous les 2 ans, puis tous les 3 ans à 5 ans. Ces « Fêtes de la Vapeur » sont l’occasion d’inaugurer les matériels ou les installations restaurés et d’inviter des matériels d’autres associations pour proposer un véritable spectacle ferroviaire (Locomotives 231 K8, Marc Seguin, Micheline, locomotives du KESR…).

En plus de 50 ans, l’association a su mener à bien son projet de sauvegarde du « Réseau des Bains de Mer ».  Elle est aujourd’hui un véritable musée vivant du patrimoine ferroviaire. A ce jour plus de 450 adhérents dont 140 membres actifs soutiennent son activité. Ceux-ci apprécient l’esprit de camaraderie, les conditions d’accueil, l’organisation… dans le magnifique écrin de la baie de Somme. Accompagner, accueillir, partager l’histoire sont de véritables missions pour lesquelles l’association « recrute ».

Cette force bénévole lui donne les moyens de travailler sur de nouveaux projets patrimoniaux non commerciaux comme la Locomotive Scarpe, 020 Corpet Louvet... Il est possible de soutenir ces actions en effectuant un don auprès de la FACS (Hello Asso : Sauvons la Scarpe).